La guerre des détecteurs de mensonges

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Avant de prendre connaissance de cet article,
je vous invite vivement à lire l'article d'introduction qui s'intitule :

Science et Armée : Introduction à tous les articles "Science"

 

Qu'est-ce qu'un détecteur de mensonges ou polygraphe ?

Un détecteur de mensonges ou polygraphe permet de mesurer les réactions physiologiques d'un individu afin de déterminer s'il ment ou s'il dit la vérité. Partant du constat que lorsqu'un individu ment, une réaction émotionnelle surgit, il s'agit donc de mesurer cette réaction. Par exemple, le stress engendré par le mensonge augmente la transpiration et ainsi l'activité à la surface de la peau, mais aussi le changement de rythme cardiaque, la respiration, la pression sanguine, la dilatation des pupilles, etc.

Le Polygraphe a été inventé en 1921 par un étudiant canadien en médecine, J.A. Larson. 

            

Sous le même principe, les équipes de Skype et de BATM (une société israélienne) ont développé un outil, le "Kishkish Lie Detector", qui permet de savoir, en conversant avec une personne au moyen de Skype (un logiciel très connu qui permet de téléphoner via Internet), de déterminer si elle ment ou non ! En effet, cet outil permet d'évaluer le niveau de stress de la voix (au moyen d'algorithmes) et ainsi déterminer si la personne ment. Toutes ces informations sont fournies en temps réel, pendant que vous discutez avec la personne !

         

D'autres techniques visant le même but existent, se servant de l'imagerie fonctionnelle de l'activité du cerveau pour identifier de potentielles "aires cérébrales du mensonges"...  nous y reviendrons un peu plus tard.

Officiellement, le polygraphe "est le seul instrument (...) approuvé par le Département de la Défense pour déterminer" la crédibilité et la véracité d'une affirmation, indique le Département de la Défense.

Le Voice Stress Analyzer (VSA)

Récemment est apparu sur le marché le Voice Stress Analyzer (VSA), soit l'analyseur de stress vocal.

La technologie originale du VSA a été conçue par 3 anciens membres de l'Armée américaine (Allan D. Bell Jr, Charles McQuiston, et Wilson Henry Ford) qui ont créé la Compagnie Dektor Counter Intelligence and Security Inc. Puis, en 1997, la technologie a été reprise et est aujourd'hui commercialisée sous la forme d'une application numérique par le National Institute of Truth Verification (NITV) ou l'Institut national pour la vérification de la vérité (on pourrait se croire dans le roman 1984 de George Orwell !).

           

En fait, le polygraphe ou le VSA n'utilisent aucune intelligence artificielle, on peut donc dire que ces deux technologies sont aussi fiables pour déterminer la véracité d'une personne dans des circonstances similaires. C'est en fait l'utilisation et l'analyse des données permettant de déterminer si un individu ment ou dit la vérité qui est controversée.

Aux États-Unis, il existe le Département de la défense du Polygraphe, soit le Department of Defense Polygraph Institute (DoDPI). Le polygraphe a même son Institut et son école (http://www.polygraphplace.com/), une association (http://www.polygraph.org/), ses manufacturiers, ses clients, etc.

Bref, les enjeux financiers autour des détecteurs de mensonges sont importants, car ils sont de plus en plus utilisés, et autant dire que la guerre commerciale entre le traditionnel polygraphe, utilisé par le gouvernement américain, et le VSA, développé dans le secteur privé fait rage ! Il y aura toujours preneur pour de telles technologies !

Le National Institute of Truth Verification (NITV) explique que son produit, le VSA, est employé en Irak par les services secrets de l'Armée, par ceux des Marines et par les unités des forces spéciales. Il y aurait 30 équipes et 50 officiers des opérations spéciales et des renseignements entraînés pour utiliser le VSA. Le NITV indique par ailleurs que 5 VSA ont été achetés pour la prison de Guantanamo... Mais l'armée n'a curieusement pas pu établir si les VSA avaient été utilisés dans cette prison ! Le NITV précise également que le FBI et la CIA ont une politique spécifique qui exclut l'utilisation du VSA.

Le VSA serait utilisé aux États-Unis par environ 1400 agences gouvernementales locales ou fédérales, principalement par des forces de police.

Quand le détecteur de mensonges envahit la vie privée

Il faut savoir qu'aux États-Unis un million de citoyens passent chaque année un test de détecteur de mensonges pour mesurer leur bonne foi, soit dans le cadre d'interrogatoires de police, par le FBI ou la CIA... mais aussi avant de signer un contrat d'embauche ! Des milliers de gens se sont vu refuser un emploi suite à des mauvais résultats au test.

Une intrusion terrible dans la vie privée d'une personne suspectée au point d'être soumise à un examen psychique violant sa vie privée et ses droits personnels fondamentaux... alors que la loi présume chaque personne innocente...

 

 

 

En 2001, des accusations ont été portées contre un chercheur d’origine chinoise, Wen Ho Lee, accusé de fournir des secrets puisés dans les laboratoires chargés de la mise au point d’armes nucléaires de Los Alamos à New Mexico. Exaspéré de voir ses spécialistes licenciés ou constamment suspectés, le FBI voulait faire passer au détecteur de mensonges 13 000 employés de Los Alamos ; 868 seulement y furent contraints.

Suite à cet incident, contraire aux droits de l'Homme, le Ministre de l'Énergie a commandé une enquête. L’Académie des sciences, qui a mené l'enquête, a condamné sans appel cette pratique... cet instrument de chasse aux sorcières. "Combien de salariés loyaux ont pu être jugés comme des menteurs, tandis que trop de menaces à la sécurité ont pu ne pas être détectées", écrivent les 17 chercheurs de l’Académie des sciences qui ont mené l’enquête.

Cependant, les réactions de la CIA et du FBI et même du ministère de l’Énergie montrent qu'ils sont loin d'être aussi en accord avec cette conclusion : ils annoncent qu’ils vont étudier les conclusions de l’enquête et, en attendant, continuent toujours à utiliser le détecteur de mensonges auprès de leurs salariés.

 

Ce paradoxe se retrouve aussi dans la justice : la Cour suprême du Canada a jugé inadmissible la preuve par polygraphe en matière criminelle. En 1978, un jugement de la Cour suprême du Canada a considéré les résultats du détecteur de mensonges peu fiables, car dépendants de l’interprétation personnelle du polygraphiste. Pourtant, La même année, 32 polygraphistes travaillaient pour la Gendarmerie royale du Canada !

Quand les méthodes pour connaître la vérité dérapent vers la torture

Si le polygraphe est tellement utilisé par les gouvernements et la police, si le polygraphe est jugé aussi efficace, alors pourquoi certains gouvernements utilisent-il la torture ?

 

 

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le gouvernement américain ne manque pas d'occasion de promouvoir la torture... au nom de la liberté des États-Unis et du monde.

Prenons l'exemple des aventures de la série 24 heures chrono, où le héros Jack Bauer pousse toujours plus loin les limites de l'acceptable. L'opinion publique finit par juger normal un peu de violence et de torture pour "sauver le monde des méchants terroristes". Étrangement, cette série télévisée est diffusée aux États-Unis depuis le 6 novembre 2001 sur le réseau Fox, soit quelques semaines seulement après les attentats meurtriers du 11 septembre...

Jack Bauer est un agent de la Cellule Anti-Terroriste, la C.A.T., de Los Angeles. À chaque saison de la série, le héros se retrouve confronté à une mission périlleuse... tout comme les agents du gouvernement !

Voici une des accroches de la série : "Des terroristes cherchent à assassiner l'un des candidats à la Présidence des États-Unis. Ma fille vient d'être kidnappée. Et certaines personnes avec qui je travaille pourraient être impliquées dans ces deux affaires. Je suis l'agent spécial Jack Bauer, et aujourd'hui est la journée la plus longue de ma vie." Jack Bauer... le ton est donné !

 

Bien sur, nous savons tous que la torture est illégale (Déclaration universelle  des droits de l'homme à laquelle les États-Unis ont participé à la rédaction), elle est pourtant généralement pratiquée... L'Armée a juste besoin de créer des zones de non-droit comme la prison de Guantanamo, ou comme les prisons secrètes que les États-Unis ont mis sur pied en transformant un certain nombre de bateaux en prisons et où des prisonniers peuvent être facilement interrogés sous la torture.

En passant, le nouveau président des États-Unis, Barack Obama, a signé un ordre de fermeture du camp de Guantanamo qui devrait être effectif au plus tard le 22 janvier 2010. Il a donné un an pour procéder à sa fermeture. Or, début octobre 2009, le ministre de la Justice américain, Eric Holder, a déclaré qu'il serait difficile de fermer la prison de Guantanamo à la date prévue...

Le souci de l'Armée est de développer une méthode rapide et sûre pour obtenir la vérité. La torture peut prendre plusieurs jours pour obtenir des résultats et qui ne sont pas toujours certains. C'est ici que la technologie moderne intervient offrant aux barbares de nouvelles méthodes, qui vont plus loin que le simple polygraphe, pour obtenir la vérité.

On place le prisonnier dans un scanner à résonnance magnétique qui va permettre de détecter instantanément la région du cerveau en activité quand le suspect ment, ou dit la vérité. On le place sous un respirateur mécanique (style CPAP, utilisé par les personnes qui souffrent d'apnée du sommeil), puis on lui injecte de la Succinylcholine Chloride (SCC) pour paralyser ses fonctions neuromusculaires, sans pour autant affecter son système nerveux central. Le prisonnier est donc conscient, sa mémoire fonctionne, il peut réfléchir, il peut parler mais il ne peut pas respirer sans son respirateur artificiel. Si la machine s'arrête, il meurt.

On lui pose d'abord des questions pour pouvoir localiser, grâce au scanner, les régions du cerveau en activité lorsque le suspect ment ou dit la vérité. Puis le véritable interrogatoire commence. Si le scanner indique que le prisonnier ment, on coupe la machine respiratoire pour le laisser étouffer et on remet la machine en marche... jusqu'à l'obtention les renseignements convoités.

À ce sujet je vous invite à lire la traduction française de l'article de Jack Wheeler "L’interrogatoire de KSM" publié le 5 mars 2003 dans le Washington Times :
http://www.voltairenet.org/article9391.html

Conclusion

Les polygraphes ne sont que la partie visible de l'iceberg. L'Armée a toujours cherché et cherchera toujours des moyens de plus en plus sophistiqués pour obtenir des renseignements et essayer d'extirper la vérité en passant outre les droits fondamentaux de l'Homme, au nom de la liberté... mais quelle liberté ?

Pire encore, cette fascination de pouvoir "se mettre dans la tête de l'autre" s'étend à la population avec la commercialisation pour les entreprises (assurances, employeurs, etc.) mais aussi pour le grand public d'appareils de détecteurs de mensonges qu'il est maintenant facile de se procurer et d'utiliser à l'insu même de son entourage !

Les films des années 60-70 avec les premiers polygraphes nous amusaient beaucoup... mais avec la technologie qui se développe et la soif de pouvoir de certains hommes, il n'y a aujourd'hui vraiment plus de quoi rire.

Rappelez-vous dans le roman 1984 de George Orwell, le fameux "Ministère de la Liberté"... "Big Brother is watching you"... Un roman à glacer le sang, particulièrement aujourd'hui, tant son anticipation semble de plus en plus réelle.

Espérons que nous saurons prendre conscience, avant qu'il ne soit trop tard, que nous ne devons pas laisser bafouer les droits de l'Homme au nom d'un idéal qui n'en est en fait pas un.

    Par YellowGirl, le 3 novembre 2009

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