Cette vidéo est un documentaire de François Rabaté de 2012 sur les agences de notation dont le rôle a été central dans la crise des subprimes, et continue de l'être pour les dettes souveraines.

Synopsis :

Le 13 janvier 2012, Standard & Poor’s abaissait d’un cran la note de la France, la privant, comme vient de le faire Moody’s le 19 novembre, de son triple A. Suivant le travail de la commission mandatée par le Sénat sur les agences de notation, François Rabaté a mené l’enquête de Londres à Bruxelles, de Pékin à New York.

A elles trois, Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings captent près de 80 % du marché mondial de la notation financière. Les notes qu’elles délivrent sont un enjeu crucial pour les investisseurs, mais également pour les entreprises, les collectivités territoriales et les États. Quand elles notent un pays, ce qu’elles notent, c’est sa dette et le degré de risques que prennent ceux qui l’achètent. A Bercy, Patrick Mills, directeur général de l’Agence France Trésor, l’établissement public chargé de la gestion de la dette et de la trésorerie de l’État, rappelle que « la dette de la France est détenue par des banques centrales, des fonds souverains, des compagnies d’assurances, des fonds de pension et des banques commerciales. Nous avons un peu moins de 1 400 milliards d’euros de stock de dette, poursuit-il, et tous les jours, en termes de flux – achat, vente… –, à peu près 12 milliards sont échangés, ce qui en fait, dans la zone euro, la deuxième dette la plus échangée. »

Afin de mieux cerner les éventuelles réformes à entreprendre pour garantir la fiabilité de leur verdict, les membres de la Mission commune d’information sur le fonctionnement, la méthodologie et la crédibilité des agences de notation, mandatée par le Palais du Luxembourg, sont allés auditionner de multiples acteurs de la finance. « Les Anglo-Saxons considèrent que la note est une opinion donnée, sans conséquences. Alors que nous, nous considérons que les conséquences peuvent être telles que cela implique une sanction si celle-ci n’a pas été établie sur des bases vraiment solides », justifie le sénateur centriste Aymeri de Montesquiou, rapporteur de la commission présidée par la sénatrice socialiste Frédérique Espagnac.

Vers une agence de notation européenne ?

S’envolant pour la Chine, qui détient le quart de la gigantesque dette américaine, François Rabaté s’arrête à Pékin pour en savoir plus sur la manière dont travaillent les analystes financiers de Dagong, une petite agence comme il en existe plusieurs centaines dans le monde. Outre-Atlantique, c’est l’agence new-yorkaise Egan-Jones Ratings qui lui ouvre sa porte. A la différence des « Big Three », cette dernière est rémunérée non pas par les émetteurs de dette, mais par les investisseurs. « Les intérêts des émetteurs et des investisseurs sont opposés, explique Sean Egan, son P.-D.G. Les premiers essaient en effet d’obtenir la note la plus haute possible. » De retour à Paris, Pierre Cailleteau, un banquier qui a dirigé quinze ans durant le Département de la notation souveraine [des États] chez Moody’s, explique : « Un des sujets majeurs que l’on se pose lorsqu’on est une agence de rating [notation], c’est la question de la résilience. Au fond, quelle est la capacité d’un État à absorber un choc ? Cette capacité dépend très largement de la qualité de ses institutions, de la lucidité de ceux qui sont à sa tête et de leur capacité à faire adhérer la population à des politiques éventuellement difficiles. »

Cap ensuite sur la Commission européenne, à Bruxelles. Reçus par le chef de cabinet de Michel Barnier, commissaire européen en charge du marché intérieur et des services, les membres du Sénat viennent y défendre la création d’une agence de notation européenne qui contrebalancerait le quasi-monopole des trois poids lourds américains. L’avenir dira quel écho trouveront auprès des politiques les vingt-six propositions rendues en juin 2012 par la commission sénatoriale…

Source : France 5 ().

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